Thémis et la justice immanente de la famille Martin
Cette analyse partielle d'un cas, par Pierre Ramaut psychanalyste, est extraite de l'ouvrage collectif multidisciplinaire "Exemples d’intégration transgénérationnelle"
Une mère inquiète pour sa fille
Madame « Martin » (ce nom a été modifié avec l’accord de la patiente pour des raisons de confidentialité) me téléphone car elle souhaite que je reçoive sa fille, qui souffre d’une toux continue que les différents médecins consultés jusqu’ici n’arrivent pas à juguler. Cette mère, manifestement très préoccupée par la situation, m’explique qu’elle aimerait que sa fille ait « une personne et un lieu où elle pourra déposer ce qu’elle veut » car elle est convaincue « qu’elle a un blocage quelque part, compte tenu qu’il s’agit d’une toux nerveuse ininterrompue ». Cette dame me précise qu’elle a eu mes coordonnées via la psychologue qu’elle consulte (et que je connais), et que sa fille est indécise car « un jour elle veut bien consulter et le lendemain, elle dit non ».
Je demande à rencontrer cette maman dans un premier temps, car dans ce genre de situation où j’ai le sentiment qu’un enfant est mandaté inconsciemment par l’un des parents, par les deux ou par la famille entière pour servir de « porte symptôme », je me rappelle toujours ma rencontre, il y a quelques années, avec le psychanalyste Willy Barral [1] — malheureusement décédé aujourd’hui — auteur d’un livre, bien connu dans la communauté des psychanalystes transgénérationnels, intitulé : « Le corps de l’enfant est le langage de l’histoire de ses parents » dans lequel il aborde avec brio la question des troubles psychosomatiques de la petite enfance.
Dans cet ouvrage, l’auteur cite à de nombreuses reprises Françoise Dolto [2] et explique que
Les symptômes psychosomatiques des enfants expriment parfois la souffrance intolérable d’être laissés dans l’ignorance d’un événement qui les concerne et dont les parents refusent de leur parler.
Je suis donc toujours attentif au fait que ce genre de demande peut aussi concerner les symptômes d’enfants qui expriment une souffrance actuelle ou passée du couple parental — ou d’un des parents — non seulement non dite mais le plus souvent cachée ou même oubliée par eux.
Je propose donc à Madame Martin un premier rendez-vous qu’elle accepte.
Le premier entretien
Dans le train qu'elle prend pour se rendre à mon rendez-vous, Madame Martin lit le livre de Thierry Janssens « La solution intérieure » [3] et découvre la psychogénéalogie. Cela lui parle et elle trouve cela passionnant. Arrivée à mon cabinet, en attentant mon rendez-vous, elle prend connaissance des prospectus qui se trouvent sur la table de ma salle d’attente et découvre que j’organise des ateliers de psychogénéalogie. « Quelle coïncidence! » me dit-elle. Pour ma part, je pense plutôt « Belle synchronicité! » mais je m’abstiens de faire un commentaire et je souris.
Une synchronicité est l'apparition, simultanée et inopinée, de deux faits liés par leur signification, pour une personne donnée, mais sans lien de causalité apparent ni dans le temps ni dans l'espace. C’est le psychanalyste Carl Gustav Jung [4] qui, en collaboration avec le physicien Wolfgang Pauli [5], a repéré et nommé ce phénomène très étrange et même douteux pour les esprits rationnels. Ces coïncidences porteuses de sens se manifestent souvent lors d'un changement intérieur, comme si, en période de nécessité, il y avait une déchirure dans notre réalité pour contacter d'autres modes de réalités.
Les synchronicités sont généralement plus perceptibles lors des tournants de vie et sont donc fréquentes après l’initiation d’un travail d’analyse transgénérationnelle comme si des signes surgissaient pour éclairer, prévenir et guider. C’est comme si une instance invisible était activée par magie par la vie pour se faire complice et partenaire de la quête du « patient » devenu héros de sa propre histoire familiale lorsqu’il s’est mis en marche en tant qu’explorateur de l’arbre généalogique familial.
J’accueille Madame Martin qui m’expose la situation de sa fille. Je l’écoute attentivement et en conclusion, je lui propose de continuer le travail en cours avec sa psychologue et de me recontacter si la situation de sa fille n’évolue pas. A la fin de l’entretien, Madame Martin me pose plusieurs questions sur mes ateliers de psychogénéalogie et sur ma pratique de psychanalyste transgénérationnel. Je lui donne quelques informations ainsi que plusieurs références bibliographiques et je l’oriente vers le site Geneasens pour qu’elle puisse trouver de plus amples informations.
Première séance d’analyse transgénérationnelle
Madame Martin a décidé d’entreprendre un travail d’analyse transgénérationnelle avec moi. La voici pour cette première séance face à son futur génosociogramme[6], une très grande feuille blanche collée sur le mur de mon cabinet. Elle me dit qu’elle n’arrivera jamais à remplir tout ça, à la fois dubitative et légèrement angoissée. Cette réaction est quasiment systématique car je demande à mes patients lors de la première séance de venir sans aucun document et de me raconter spontanément l’histoire de leur famille telle qu’ils la portent en eux.
Avant de commencer, il y a certaines conventions graphiques à connaitre afin que la lecture soit compréhensible et un code couleur est utilisé en fonction de l’information apportée. Le principe est celui de l’association libre des idées et des souvenirs qui surgissent au fil du récit comme dans une psychanalyse classique. Chaque fois qu’un nouveau personnage apparaît dans le récit, je demande de le dessiner — donc de le symboliser — sur l’arbre, même lorsqu’il s’agit d’un personnage qui n’appartient pas à l’arborescence familiale, mais qui a été important dans l’histoire de celle-ci, car il ne s’agit pas d’un arbre généalogique classique qui tenterait simplement de situer la parentèle de générations en générations. Je veille toujours à ce que le dessin soit le plus précis possible sur le plan graphique afin qu’il ne puisse y avoir aucune confusion sur la place de chacun. C’est pourquoi il y a une nette séparation entre la branche paternelle et la branche maternelle. Je veille aussi à ce que les strates générationnelles soient bien alignées pour que l’on puisse voir au premier coup d’œil qui appartient à quelle famille et à quelle génération.
Euréka ! À la fin de cette première séance de quatre heures de travail, malgré ses inquiétudes initiales, Madame Martin se trouve face à de nombreuses découvertes qui lui ouvrent de nouveaux horizons.
« Euréka ! » et génosociogramme
Afin d’identifier et de comprendre les logiques inconscientes à l’œuvre dans l’origine des souffrances et des symptômes qui résistent parfois à la psychanalyse « classique », construire son génosociogramme est à la base de toute démarche en analyse transgénérationnelle et de tout travail visant à exploiter le sens des liens entre les générations. Le génosociogramme fait prioritairement appel au cerveau droit qui traite les informations de façon rapide, totale, spatiale et perceptive. Ce mode d'opération, très différent du mode verbal et analytique du cerveau gauche, se caractérise néanmoins par une complexité tout aussi grande: c’est pourquoi la psychanalyse « classique » peut parfois buter et devenir inopérante lorsque des éléments concernant les générations antécédentes aux parents — et donc hors du champ œdipien — sont impliqués dans les symptômes et la souffrance du patient. La psychanalyse, telle qu’elle continue à être pratiquée aujourd’hui, fût-elle « freudienne »,« lacanienne », « jungienne »… ou autre — puisque ce qui compte vraiment est la possibilité d’une rencontre avec l’inconscient — ne permet pas de relier entre elles les multiples informations qui concernent à la fois les personnages familiaux, les personnages contextuels et les évènements qui s’accumulent sur plusieurs générations et tissent le fil et le sens de notre propre histoire. Cette impossibilité a des causes neurophysiologiques.
Le problème est que les rapports de parenté tendent à échapper à notre compréhension : dès qu’ils vont au-delà des grands-parents, on ne comprend plus rien, on est perdu. Lorsqu’une personne — que ce soit dans le cadre professionnel ou privé — tente d’évoquer une bribe de sa propre généalogie, nous décrochons presque immédiatement (« euh.. le fils de qui ? de ta grand-tante ? Ah non, excuse-moi, mais là je suis perdu »). Si, par chance, l’interlocuteur veut vraiment vous suivre, il tendra presque automatiquement à fermer les yeux, pour tenter de se fabriquer une image mentale de ce que vous avez, en vain, essayé de lui raconter. Pour pouvoir nous repérer sur la base d’un énoncé, nous avons besoin d’avoir en face des yeux une image ou un dessin car il nous est impossible de nous construire à partir de mots, fussent-ils parfaitement exacts et précis, une représentation à la fois globale et immédiate d’une famille sur quatre générations qui incluent les fratries et certains personnages contextuels. Ce qui est vrai pour tout un chacun devient encore plus évident dans le cadre d’une cure psychanalytique où l’analyste devrait réussir non seulement à se représenter votre grand-tante et ses enfants mais à se représenter simultanément une foule d’autres choses, à savoir:
- la famille dans son ensemble,
- les différents personnages qui la constituent,
- les personnages familiaux « signifiants » pour notre analyse transgénérationnelle,
- la qualité des liens qui unissent ces différents personnages,
- l’influence des événements contextuels (historiques, sociologiques, économiques, etc.) sur chacun de ces personnages,
- les dates, les événements et leurs équivalents symboliques, les schémas qui se répètent de générations en générations, …
- …
Il lui sera donc impossible, avec toute la bonne volonté du monde, d’y comprendre quelque chose ! Il se trouve que cet impossible n’est pas la conséquence d’une quelconque incompétence ou inattention de l’analyste ou de son patient mais un fait objectif lié aux différents modes de fonctionnement des deux hémisphères de notre cerveau, communément appelés cerveau gauche et cerveau droit.
Lorsque des matériaux inter et transgénérationnels sont abordés en cure psychanalytique ou en psychothérapie, le protocole classique de la psychanalyse peut se montrer insuffisant, voire inopérant, car il fait principalement appel aux caractéristiques du cerveau gauche (parole - écoute, association libre du patient - attention flottante de l’analyste, divan ou face à face); il devient alors indispensable de faire appel au génosociogramme qui est un outil visuel et s’adresse par conséquent aux caractéristiques et compétences de notre cerveau droit. En un seul coup d’œil, le génosociogramme permet de relier et d’articuler un nombre important et complexe d’informations, performance que le cerveau gauche (analytique, séquentiel) est incapable de réaliser. Grâce au cerveau droit, le génosociogramme permet à son utilisateur de saisir et de conscientiser un ensemble de relations signifiantes, de façon globale et instantanée. Il faut en effet bien distinguer la démarche qui consiste à simplement recueillir des données, de celle qui consiste à les transformer de manière originale: c’est là que se situe toute la différence entre la généalogie et la psychogénéalogie.
La généalogie se contente de recueillir le plus d’informations possibles à propos d’une famille donnée, et de les organiser de façon cohérente et chronologique. La psychogénéalogie, quant à elle, interprète le sens de ces données, en recourant non seulement à la déduction logique, mais aussi — et surtout — à l’intuition, qui est du ressort exclusif du cerveau droit. Voilà pourquoi le cerveau droit est directement mis à contribution dans l’outil intuitif et visuel qu’est le génosociogramme: il permet aux patients de mettre en évidence et d’exploiter le sens « psychogénéalogique » des informations recueillies — par eux-mêmes ou par des généalogistes — sur l’histoire de leurs familles.
Comme on a l’a déjà dit, le mode de traitement des informations propre à l'hémisphère droit relève de l'intuition: c’est donc grâce à lui que nous avons parfois des révélations, des sursauts de clairvoyance, ces instants privilégiés où chaque chose semble trouver sa place sans que nous ayons à les considérer dans leur ordre logique. Dans ces moments-là — et ils ne sont pas rares lorsqu’on travaille son génosociogramme — la plupart des gens s'exclament spontanément: « Ça y est! Je vois! » ou « Ah! oui, maintenant je vois comment ça se profile ». L'exemple classique est le fameux « Eurêka! » (J’ai trouvé!) que l’on attribue à Archimède [7]. Si on en croit l'histoire, Archimède prenait un bain lorsqu’il aurait été saisi d'une inspiration soudaine qui l'aurait mené à formuler son fameux principe: le poids d'eau déplacée permet de déterminer le poids d'un solide immergé.
L’hémisphère droit n’a pas besoin de réfléchir, d’analyser et de déduire, il va droit au but d’une façon essentiellement intuitive et subjective. Son champ d’action est relationnel, global et intemporel. C’est donc bien d’un « Euréka! » dont il s’agit pour Madame Martin, qui, déjà, devant le premier déploiement de son arbre sur la grande feuille blanche tellement angoissante au début de la séance, a pu prendre conscience de contenus jusque-là ignorés, concernant des transmissions transgénérationnelles indésirables qu’elle n’avait jusqu’alors jamais soupçonnées.
Deuxième séance
« Que du bonheur ! » me dit Madame Martin très souriante en ce début de deuxième séance. « Non seulement pour moi mais aussi et surtout pour ma fille, elle ne tousse plus et accepte sa couleur… » Que s’est-il passé ?
Thémis ou la justice immanente de la famille Martin
A la suite de sa première séance, pendant ce laps de temps nécessaire qui permet au processus de perlaboration [8] d’opérer, Madame Martin a pris conscience que sa relation avec le père de sa fille est liée au racisme que son grand-père entretenait vis-à-vis des esclaves noirs dont il était le maître sévère. Le grand-père de Madame Martin était l’héritier et le gestionnaire d’une importante propriété agricole dans une des colonies française d’outre-mer dont je ne citerai pas le nom pour des raisons de confidentialité. Dans la mythologie grecque, Thémis [9] signifie « la loi divine ». Elle est la déesse de la justice immanente, c'est-à-dire la justice qui ne passe pas par la médiation d'une procédure judiciaire humaine mais qui relève directement de la justice des dieux qui sont les gardiens du cosmos et du bon ordre des choses. Dans cette mythologie les dieux frappent tous ceux qui viennent troubler l'ordre de l'univers.
C’est moi le SEIGNEUR, ton Dieu, un Dieu jaloux, poursuivant la faute des pères chez les fils sur trois et quatre générations… Ex, 20 TOB
Selon Ivan Boszormenyi-Nagy [10], un psychanalyste d'origine hongroise et l'un des pères de la thérapie familiale — qui en apportant un élargissement de l'approche transgénérationnelle a travaillé sur les notions de « justice et d'équité » au sein de la famille — il existe une «loyauté familiale invisible». C’est dans cet ordre d'idées que l’on trouve la notion de « justice immanente à l’intérieur de chaque arbre généalogique » et de comptabilité des mérites et des dettes.
Inconsciemment Madame Martin, Thémis de son histoire familiale, a voulu remettre de l’ordre dans son univers généalogique, en réparant l’injustice de son grand-père à l’égard des esclaves noirs. Pour cela, cette dame a entrepris une relation amoureuse avec un noir et de cette liaison naîtra une adorable petite métisse. Clin d’œil de la vie, cet enfant vient au monde le jour de la fête de l’abolition de l’esclavage! « Incroyable ! » s’exclame Madame Martin.
Signifiants et transmission inconsciente
L'inconscient est structuré comme un langage. Jacques Lacan
Les travaux de Freud [11] et de Lacan [12] ont mis en évidence la puissance des signifiants du langage qui sont des mots particulièrement significatifs et chargés de sens. Le signifiant psychanalytique est une trace dans l'inconscient: cela peut être une odeur, une image, un évènement, une date, qui va renvoyer à un signifié, qui est le fait décrit dans le souvenir. La réapparition ultérieure de ces différents signifiants dans l'environnement pourra déclencher des évènements souvent difficilement compréhensibles dans la descendance.
La date de la naissance d’un enfant peut donc être en lien étroit avec la mémoire généalogique. Dans le cas de Madame Martin, il est probable que la date anniversaire de l’abolition de l’esclavage ait été choisie inconsciemment, pour la programmation de la naissance de sa fille. L’inconscient familial fait des calculs et peut programmer les événements personnels importants comme l’engendrement d’une filiation.
Une histoire d’esclavage
Lorsqu’elle se rend compte de la signification de cette date hautement symbolique qu’est la libération de l’esclavage, le premier mouvement de Madame Martin est de penser que c’est un bon signe pour sa fille. Par la suite, elle se rendra compte que c’est elle qui se libère enfin d’une position d’esclave dans laquelle elle s’était mise pour payer la dette de son grand-père. En effet, elle avait vécu toute sa relation sous l’emprise du père de sa fille — avec lequel elle n’était pas mariée — de race noire et dont les arrières-arrières grands-parents étaient des esclaves. Elle pense maintenant qu’il avait, inconsciemment, envie de venger ses aïeux humiliés en traitant en esclave la descendante de l’esclavagiste raciste.
Elle était devenue esclave, elle « la Blanche », au point que son compagnon avait eu le droit de vie et de mort sur ses trois grossesses (dont deux avortements) avant la naissance de leur fille métissée. Le géniteur n'ayant pas reconnu son enfant —comme l'aurait fait le "Blanc" lors d'une liaison extra-conjugale au temps de l'esclavage — elle donne donc son nom de famille à sa fille avec fierté. D'autant plus que celui-ci « Martin », venant du grand-père esclavagiste, va s'éteindre puisque les frères de Madame Martin n'ont eu que des filles.
Ironie du sort la seule enfant qui porte le nom du grand-père raciste est une enfant métisse! Le grand-père peut se retourner dans sa tombe: son nom est porté maintenant par une enfant de couleur. Thémis a frappé fort!
Fin de lignée
Lorsque je constate une « fin de lignée », comme c’est le cas dans l’arbre de Madame Martin, je m’interroge toujours sur les causes généalogiques qui peuvent expliquer la disparition d’un patronyme. Plusieurs éléments généalogiques peuvent se conjuguer pour entraîner l'inhibition de la transmission du nom du père. Lorsque le nom d’un enfant ne correspond pas à ses véritables liens de sang, on peut craindre des conséquences fâcheuses pour le développement psychologique de l'enfant et pour la suite de sa descendance. En stérilisant la branche au bout de quelques générations, l’arbre familial tentera de trouver sa solution et dans ce cas, je recherche systématiquement dans les générations antérieures la possibilité d’un inceste, d'un viol ou d’un secret sur la filiation qui sont les fantômes[^13] les plus virulents pouvant empêcher la transmission d’un patronyme.
Troisième séance : être métisse et porter le nom de sa mère
Lors de la séance suivante, Madame Martin constate que donner son nom de famille à sa fille traduit sa fidélité à son AAAGMP. Cette fidélité à son nom de famille continue en 2008, lorsqu'elle se marie avec un homme dont beaucoup de femmes auraient aimé prendre le nom alors qu'elle souhaite absolument garder son nom de jeune fille. Elle fait donc des démarches dans ce sens. Sa motivation « officielle » était que sa fille ne se sente pas abandonnée une deuxième fois. En fin de compte, il s’agit d’elle et elle prend conscience que ce sentiment d’abandon est plutôt le sien.
L’absence du père et la transmission du nom par les femmes à des enfants métissés se dégage à ce stade de l’analyse. Les Métissés, seraient-il indignes, au point de ne pas avoir droit à la reconnaissance du père? La petite fille « Re-jetée » en manque de « Re-co-naît-sens » et de « Re-Père »: Madame Martin répète régulièrement ces signifiants, en insistant fortement sur chaque syllabe. Quelle reconnaissance, quels repères, pour la petite fille qui a :
- cru pendant 50 ans qu’elle a été trouvée dans la ravine « Caca » car elle était trop blonde;
- été déclarée « inadaptée » par son institutrice du cours préparatoire;
- été abandonnée par son père du fait qu’il est mort quand elle avait 3 ans et demi;
- entendu sa mère lui dire que si cela ne tenait qu’à elle, elle n’aurait pas eu autant d’enfant, 7 dont 6 vivants, sachant qu’elle est la dernière de la fratrie! Quel sentiment de rejet !
Elle comprend à ce stade du travail le poids monstrueux qu’elle a porté pendant toutes ces années et qui a fait qu’elle ne trouvait pas sa place dans la famille ni de sens à sa vie. Durant toutes ces années, elle a cru que ses parents n’étaient pas ses parents. Elle était l’enfant abandonnée et trouvée dans la ravine « Caca ». La ravine « Caca » est une rivière où les gens évacuaient leurs excréments, leurs eaux sales, c’est ce qui se disait sur cet endroit, dans cette colonie d’outre-mer, à l’époque de sa petite enfance. « Je n’étais qu’une merde » dit-elle. Elle en a beaucoup souffert. Elle était en vie mais elle ne vivait pas!
Pour démystifier et comprendre ce mal-être qui l’habitait, elle est remontée courageusement dans son arbre généalogique jusqu’en 1822 pour constater que son AAAGMP avait mis au monde son fils métissé, à qui elle a donné son nom car elle était fille mère. Le père biologique n’avait pas reconnu son enfant. Métissé car elle a le souvenir de quelqu’un de basané sur l’unique photo qu’elle a vu et dans sa tête, elle entend encore sa grande cousine lui dire: « tu as vu, il est bien bronzé ». Malheureusement impossible de remettre la main sur cette photo! A cette époque, cette femme n’a-t-elle pas été rejetée? Voilà que 172 ans plus tard, elle rejoue le scénario et met au monde une fille qui elle aussi est métissée et porte le nom de cette AAAGMP. L’histoire s’est bien répétée!
Mais où sont passé les hommes ?
Au regard de son arbre, nous nous rendons compte que l’homme est absent sous différentes formes :
- 1822 : son AAGPP est un enfant naturel, métissé et non reconnu par son père biologique. C’est son AAAGMP qui lui donne son nom de jeune fille qui est actuellement le patronyme de Madame Martin.
- 1931 : son GPP ne reconnait pas son fils « bâtard » et les six autres enfants qui vont suivre, car ce serait sa sœur, donc la grand-tante de Madame Martin qui aurait refusé qu’il y ait des « bâtards » dans la famille Martin. En effet son GPP était veuf et n’était pas marié à la mère des enfants « bâtards », car cette femme était initialement l’employée de maison qui avait en charge d’élever les enfants du premier lit après la mort de sa GMP. Sa GMP qui avait recueilli Madame Martin enfant. Une fois de plus, c’est donc la mère qui donne à nouveau son nom à toute sa progéniture. Dans cette configuration, nous retrouvons un équivalent symbolique du propriétaire: « le blanc » qui a des relations avec la femme de ménage: « l’esclave » qui est plus jeune.
- 1993: Madame Martin met au monde sa fille métissée que le père biologique ne reconnait pas. Elle lui donne donc son nom de jeune fille, Martin, comme son AAAGMP.
- 2008 : sa nièce adoptive, qui a été abandonnée par son père biologique et adoptée par le frère de Madame Martin, accouche d’un garçon métissé. L’enfant porte le nom « Martin » de sa mère (la nièce adoptée) que le frère de Madame Martin lui a donné à son adoption. Son frère, inconsciemment, a probablement aussi cherché à réparer la situation de son AAAGMP. Toutefois, c’est encore une femme qui transmet le nom « Martin » à son fils métissé.
- 2009 : Lors de sa première séance d’analyse transgénérationnelle, en construisant son arbre avec moi, elle « castre » ses frères en omettant d’écrire leur nom de famille « Martin » dans le symbole qui leur est destiné sur le génosociogramme. Comme je lui fais remarquer cette omission, elle prend alors conscience qu’elle disait souvent que chez ses frères mariés, c’est leur femme qui « porte la culotte » et pour couronner le tout, ils n’ont que des filles. Son grand frère est resté célibataire et une fois à la retraite, il s’est occupé de sa mère.
Une fois de plus nous pouvons constater la stratégie de l’arbre qui consiste à empêcher à tout prix que le nom « Martin » soit transmis par les hommes. Dans ce cas précis, les hommes font des filles qui ne transmettront pas le nom du père ou ne se reproduisent pas.
Une enfant parentifiée et une femme prisonnière de son rôle d’homme.
C’est la femme qui transmet son nom! C’est la femme qui joue le rôle de l’homme. Il y a une inversion des rôles entre l’homme et la femme, entre le masculin et le féminin et entre le père et la mère. Madame Martin comprend enfin la cause de son inadaptation, dénoncée par son institutrice du cours préparatoire, qui à l’époque ignorait sûrement le terme de « dyslexie » et qu’elle a pu identifier et nommer ensuite lors d’une séance avec sa psychologue.
Elle comprend maintenant son besoin de tout contrôler. En effet, elle a déployé toute sa vie des stratégies pour cacher cette dyslexie, avec son orthographe et sa lecture toutes les deux exécrables, au point, d’avoir une peur bleue d’être démasquée.
Plusieurs souvenirs s’inscrivent sur son arbre :
- Entre ses 4 ans et 11 ans, elle a dormi dans le lit de sa mère à la place du père;
- Son professeur de sport la qualifiait de garçon manqué;
- Dans ses souvenirs, elle entend sa sœur lui dire: « Nous avons eu de la chance de t’avoir quand papa est mort car avec ton innocence et tes rires, tu nous as tenu debout ».
Est-ce à une enfant de trois ans et demi de porter une famille endeuillée ? Il est vrai qu’elle s’est beaucoup souciée pour sa mère, ses frères et ses sœurs. Elle a même raté son baccalauréat la première année pour rester auprès de sa mère car il ne restait plus qu’elle à la maison. Il lui était insupportable de laisser sa mère seule comme ces hommes de la famille qui ont laissé leur femme et leur enfant. La « parentification » ou « parentalisation » est une inversion des places à l’intérieur de la famille. Chaque enfant contracte une dette vis-à-vis de ses parents pour l'amour, l'affection, les soins, les ressources qu'il a reçus depuis sa naissance jusqu'au moment où il devient adulte. La manière de s'acquitter de cette dette est transgénérationnelle c'est-à-dire que ce que nous avons reçu de nos parents, nous le rendrons un jour à nos enfants.
Mais la « parentification » est le renversement des valeurs lorsque les enfants, même en bas âge, deviennent les parents de leurs propres parents. A la suite du décès de son père, Madame Martin tient le rôle de la mère, car sa mère n’arrive pas à faire le deuil de son mari. L’enfant endosse alors inconsciemment la mission de soigner, d’aider, de soutenir et de distraire sa famille. Une enfant de trois ans et demi qui doit devenir parent et procurer du soutien à sa mère, s'occuper de ses frères et sœurs et de sa famille, est en déséquilibre relationnel significatif car ce processus amène un enfant ou un adolescent à prendre des responsabilités plus importantes que ne le voudraient son âge et sa maturation. Lorsqu’il y a inversion des rôles parentaux, on peut rencontrer, comme chez Madame Martin dans son enfance, une certaine confusion (la dyslexie) et aussi plus tard, des troubles de la filiation.
Ne « pas faire sa vie » et rater son baccalauréat parce que l’on soigne sa vieille mère ou ses vieux parents malades est une distorsion malsaine des relations, des mérites et des dettes: c'est cela la « parentification ». Ce processus implique souvent plusieurs générations car très souvent, il y a eu des défaillances parentales dans les générations antérieures. Si bien que leurs enfants devenus parents à leur tour ne peuvent assumer leur rôle, ils recherchent alors inconsciemment dans leurs propres enfants la prise en charge, la protection qui leur fait défaut.
Que représente vraiment ce nom auquel elle s’accrochait?
A l’école, Madame Martin voulait que ses professeurs l’appellent par son nom de famille et non par son prénom. Elle expliquait cela per le fait qu’elle était tenue à les appeler par leur nom de famille et qu’ils devaient en faire de même. Est-ce le moyen qu’elle a trouvé pour s’accrocher à la famille « Martin » dont elle a pensé ne pas appartenir pendant 50 ans? Oui, c’était pour elle, sa façon inconsciente de s’inscrire, de s’enraciner dans la lignée des « Martin » et ainsi, de se faire une place. Mais « Martin », c’est le nom de son AAAGMP et non celui de son AAAGPP, le géniteur, celui qui en principe aurait dû transmettre le véritable nom du père!
Tout compte fait elle se pose la question suivante : quel est mon nom de famille car c’est le père qui transmet le nom? Le nom de famille est important, car au-delà de sa fonction sociale, le nom est la première parole créatrice qui donne une reconnaissance à notre existence et qui attribue à un individu son identité sociale. C’est pourquoi il est toujours important de repérer dans l’analyse de l’arbre familial les ruptures dans la transmission du nom. Cette recherche permettra de mieux comprendre l'histoire intime de la famille.
Manque de « Re-Co-Naît-Sens »
Elle a vécu avec ce manque de « re-co-naît-sens » — comme elle continue à le dire en insistant fortement — qu’elle croyait lié à l’absence de son père mort. En fin de compte, elle s’est retrouvée dans la répétition transgénérationnelle où le père s’en va sans reconnaître son enfant. L’origine de cette non « re-co-naît-sens » remonte à son AAAGPP biologique. De fil en aiguille, cette non « re-co-naît-sens » s’est perpétuée dans la famille au fil des générations et des abandons de poste des pères et plus particulièrement chez les enfants mélangés: métissés ou bâtards ! Elle comprend maintenant pourquoi elle a cherché pendant toutes ces années un sens à sa vie. Sa vie n’avait en fait pas de sens à cause de ce manque de « Re-Co-Naît-Sens ». Durant ces cinquante années de sa vie, elle a couru et cherché sa voie dans tous les sens au point de déclencher une hyperthyroïdie après sa séparation avec son compagnon (le père de sa fille).
Dans les messages symboliques du corps, Madame Martin est convaincue que son hyperthyroïdie serait le signe d’une impossibilité à dire ou à faire ce que l’on voudrait. Est-ce qu’elle expliquerait sa souffrance intériorisée et non exprimée des non-dits de ses ancêtres et de la mort de son père? A 3 ans et demi, elle n’avait sûrement pas les mots pour exprimer sa détresse. Le comble, me dit-elle, c’est que cette glande ressemble à des poumons inversés. Représente-t-elle aussi les poumons meurtris de son père qui est mort de ce cancer? Intuitivement, elle se pose cette question: symboliserait-elle l’inversion des rôles entre l’homme et la femme ?
Pour chacune de ces questions, l'arbre généalogique peut être réinterrogé et il répond toujours. Il ne fournit pas forcément la solution mais les éléments d'information qui s'en dégagent permettent d'aller un peu plus loin et certainement dans la bonne direction.
Mandat transgénérationnel, individuation et intégration transgénérationnelle
Aujourd’hui, avec ces prises de conscience, Madame Martin s’autorise de plus en plus à s’exprimer et à s’habiller « comme une femme ». La vie s’offre à elle, il lui appartient maintenant de la vivre et de continuer à prendre à bras le corps son « mandat transgénérationnel » que les anciens chinois considéraient donné par le ciel à l'ultime descendant de la lignée, vivant aujourd'hui, ici et maintenant. Ce mandat transgénérationnel est une dimension qui œuvre en nous, et nous pousse, toujours plus avant, à la découverte de qui nous sommes, c’est aussi la manière dont chacun peut trouver son point d'ancrage et d'action dans le monde, et s'y accomplir.
Je ne peux m’empêcher de relier cette idée de « mandat transgénérationnel » au processus de transformation intérieure dont parle le psychanalyste Jung et qu’il a appelé « processus d’individuation ». L’individuation est la prise de conscience que l’on est distinct et différent des autres, et l'idée qu'on est soi-même une personne entière, indivisible. Selon Jung, ce processus de la réalisation du soi est une des tâches de la maturité. Il s’agit d'un processus de transformation intérieure, de prise en compte progressive des éléments contradictoires et conflictuels desquels nous sommes constitués. Pour ma part, je fais l’hypothèse que ces éléments conflictuels et contradictoires que nous devrons métaboliser — dans le meilleur des cas — au cours de notre processus d’individuation sont intimement liés aux divers traumatismes qui n’ont pu être intégrés par nos aïeux. Cette réflexion m’amène à la question de la temporalité en analyse transgénérationnelle puisque, même après plusieurs générations, les héritiers des souffrances des aïeux demeurent toujours fixés dans le temps où ces souffrances se sont produites.
L’impact du traumatisme, des non-dits, des deuils non faits, des tâches inachevées, se situe donc dans un espace-temps non linéaire car tant que nous avons à faire à « un passé qui n’est pas passé », les descendants restent captifs dans le temps des aïeux. Ce qui n’a pas été assimilé est toujours actuel, consciemment ou pas. Les lacunes d’intégration ne connaissent pas de limite temporelle, le temps n’agit pas véritablement sur ce qui est refoulé dans l’inconscient, perdure et se transmet de génération en génération.
L’action de ce qui n’aura pas été métabolisé et clôturé, se prolongera donc au fil des générations en entravant la croissance et l’évolution naturelles de la descendance, qui restera figée dans le temps de l’ancêtre tant que cela n’aura pas été métabolisé, ici et maintenant. Tant qu’il n’aura pas été assimilé, le passé traumatique de nos ancêtres continuera donc à se projeter inconsciemment et à parasiter notre image du monde, jusqu’à influencer plus ou moins gravement notre rapport au réel.
Le travail sur l'arbre permet de faire la part des mandats mal aboutis que nous avons repris à notre compte, car une fois intégrées, les souffrances des ancêtres ne seront plus à la charge des descendants, elles entreront dans le patrimoine individuel, familial et collectif à titre d’expérience, c’est-à-dire de connaissance agissante, de savoir-faire. Ces nouvelles connaissances leur permettront de s’émanciper des souffrances, des symptômes et des dysfonctionnements compulsifs qui étaient jusqu’ici leur lot. C’est dans ce sens que l’on peut parler d’une libération.
Le travail sur l'arbre est donc un magnifique cadeau que nous pouvons faire à nos enfants, qui devront un jour reprendre à leur compte, leur propre mandat transgénérationnel. Aujourd'hui, non seulement Madame Martin a trouvé le difficile mode d'emploi de son chemin personnel et a enfin trouvé sa place mais sa fille ne tousse plus et a accepté sa couleur de peau. Finalement, c'est pour ça qu'elle avait un jour poussé la porte de mon cabinet.
Remerciements
Je remercie ma grande amie Catherine Langue pour sa relecture minutieuse de mon texte et ses conseils avisés.
Notes
[1]: Willy Barral, psychanalyste et écrivain a été formé par Françoise Dolto et par Pierre Solié. D’inspiration jungienne, il a été l’une des voix les plus libres et les plus originales de la psychanalyse en France. En septembre 2008, il a publié aux Editions Payot un ouvrage remarquable sur les troubles psychosomatiques de la petite enfance intitulé "Le Corps de l’enfant est le langage de l’histoire de ses parents".
[2]: Françoise Dolto (1908 - 1988) est une pédiatre et psychanalyste française qui s'est consacrée à la psychanalyse des enfants. Elle est reconnue pour sa pratique spécifique dans ce domaine mais également pour son apport théorique à la psychanalyse, en particulier sur l'image inconsciente du corps. Elle a œuvré à la vulgarisation de ces connaissances dans les années 1960 au travers d'une émission de radio, ce qui a contribué à la faire connaître au grand public.
[3]: Thierry Janssens « La solution intérieure ». Vers une nouvelle médecine du corps et de l'esprit - Editions Fayard, 2006
[4]: Carl Gustav Jung est un médecin, psychiatre, psychologue et essayiste qui a été un pionnier de la psychologie des profondeurs. Il est le fondateur du courant de la psychologie analytique. Son œuvre a été d'abord liée à la psychanalyse, de Sigmund Freud, dont il fut l’un des premiers collaborateurs, et dont il se sépara par la suite pour des motifs personnels, et en raison de divergences théoriques.
[5]: Wolfgang Ernst Pauli (25 avril 1900 à Vienne - 15 décembre 1958 à Zurich) était un physicien autrichien connu pour sa définition du principe d'exclusion en mécanique quantique, ce qui lui valut le prix Nobel de physique de 1945.
[6]: Un génosociogramme est une sorte d'arbre généalogique complété des évènements de vie importants (avec leurs dates et leurs liens) et du contexte affectif (liens sociométriques marqués par des flèches ou des traits de couleurs).
[7]: Archimède de Syracuse est un grand scientifique grec[nbsp] de l'Antiquité, physicien, mathématicien et ingénieur. Il est considéré comme l'un des principaux scientifiques de l'Antiquité classique. Parmi ses domaines d'étude en physique, on peut citer l'hydrostatique, la mécanique statique et l'explication du principe du levier. Il est crédité de la conception de plusieurs outils innovants, comme la vis d'Archimède.
[8]: Le processus de « perlaboration » désigne une élaboration consciente de l'histoire du symptôme et fonde le travail psychanalytique; en psychanalyse transgénérationnelle, nous parlons plutôt d’une intégration transgénérationnelle.
[9]: Dans la mythologie grecque, Thémis, fille d'Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre), est une des Titanides. Déesse de la Justice, de la Loi et de l'Équité, Thémis assiste Zeus dans l'Olympe. Elle est souvent représentée dans l'art ancien tenant les plateaux d'une balance avec laquelle elle pèse les arguments des parties adverses.
[10]: Le psychiatre américain Yván Böszörményi-Nagy est né le 19 mai 1920 à Budapest (Hongrie) et est mort le 28 janvier 2007 à Glenside (Pennsylvanie, États-Unis). Il est connu, dès la fin des années cinquante, pour son travail de pionnier dans le domaine de la thérapie familiale et de la psychogénéalogie. Son œuvre est considérable et a eu un impact qui continue de s'étendre aujourd'hui.
[11]: Sigmund Freud, né Sigismund Schlomo Freud le 6 mai 18561 à Freiberg, Moravie (Autriche, aujourd'hui Příbor, en République tchèque), et mort le 23 septembre 1939 à Londres (Royaume-Uni), est un médecin neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse.
[12]: Jacques Lacan est né le 13 avril 1901 à Paris et y est mort le 9 septembre 1981. Ce psychiatre et psychanalyste français a repris et interprété l'ensemble des concepts freudiens, mettant à jour une cohérence dégagée de la biologie et orientée vers le langage, en y ajoutant sa propre conceptualisation et certaines recherches intellectuelles de son époque (tel le structuralisme et la linguistique). Lacan compte parmi les grands interprètes de Freud et donne naissance à un courant psychanalytique : le lacanisme.
[13]: En psychogénéalogie, le fantôme désigne un élément psychique resté secret dans la psyché et qui se transmet dans les générations successives sous forme de différents symptônes, de maux, de maladies, d'accidents, etc.
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