La comptabilité familiale
II y a une comptabilité familiale implicite. Il ne s'agit pas seulement d'argent car cette comptabilité implique des éléments tels que l'amour, l'affection le soutien, la joie, le bonheur et la sécurité de base qui se transmettent (ou pas) entre les descendants.
Selon Ivan Boszormenyi-Nagy, un psychanalyste d'origine hongroise qui a apporté un élargissement de l'approche transgénérationnelle c’est dans cet ordre d'idées-là que l’on trouve la notion de comptabilité des mérites et des dettes
L'injustice dans la comptabilité familiale
Les injustices familiales font mal. Elles peuvent même être la cause (parmi d'autres facteurs), chez des gens n'arrivent pas à pardonner l'injustice subie, de déclenchements de pathologies graves liés au stress et au ressentiment. C'est lié à cette « comptabilité » si complexe du « grand livre des comptes » de la famille, de « ce qui vous est dû » et de « ce qu'on doit » aux autres pour la « balance des comptes », pour « solde de tout compte ».
On ne peut éviter, dit Boszormenyi-Nagy, la tyrannie de ses obligations en évitant le créditeur et la prise de distance géographique, que la fuite d'un individu, ne le libère pas réellement de ce qu'il appellerait, lui, ses « dettes » vis-à-vis de sa famille. Une fuite devant les obliga[-]tions familiales peut imprégner toutes les relations humaines de l'individu pétrifié par une culpabilité insupportable, diffuse et sans objet. Il peut devenir paralysé par une « culpabilité existen[-]tielle amorphe et indéfinissable ».
L’exemple du poète Arthur Rimbaud montre à quel point les problèmes familiaux l'ont empêché de vivre. Pour bien comprendre une personne ou un individu, on le définit à partir de l'étendue de ses besoins, de ses obligations, de ses engagements, et de ses attitudes responsables dans son champ relationnel familial, sur plusieurs générations. Ce que peut faire la thérapie transgénérationnelle ou le Génosociogramme c'est apporter un outil et de l'aide pour permettre à un individu d'avoir « le courage de faire face aux obligations et à la culpabilité devant les dettes émotionnelles impayées.
Selon Boszormenyi-Nagy, il n'y a pas de famille sans une fondation sous-jacente de solidarité et de loyauté intrinsèque originaire, avant la naissance de l'enfant ou des enfants. Lorsque les gens répètent sans arrêt la même attitude et qu'ils ne changent pas, et qu'ils sont fixés dans leurs rôles, c'est que la « fixité des rôles sert les besoins du réseau des obligations familiales » . Dans un système familial où les rôles sont fixés, interdépendants, la résolution des comptes est bloquée et donc répétitive ou sans cesse remise à plus tard : c'est ainsi que la névrose, ou d'autres symptômes, persistent.
Chaque individu, pour aller mieux et pour résoudre les problèmes, ne peut y parvenir, tant qu'il ne peut compter sur un ordre juste, sur des relations interpersonnelles loyales - ou sur un changement de perspective concernant l'existence et les rôles complémentaires, aidant-aidé, soignant-soigné.