Un article de Pierre RAMAUT publié le 31 juillet 2024

Les causes pouvant freiner la réussite générale, ainsi que la réussite sociale et professionnelle, sont diverses et souvent complexes. Elles incluent des facteurs psychologiques, transgénérationnels, sociaux, économiques et culturels. Le plafond de verre, l'auto-sabotage, le sentiment d'illégitimité et la procrastination sont autant de symptômes perturbant les parcours de vie et signalant une névrose de classe ou d’échec. Les concepts de névrose de classe et de névrose d’échec, ainsi que ceux d'habitus et de dynamiques transgénérationnelles, offrent des perspectives précieuses pour comprendre ces freins inconscients. La névrose de classe, en particulier, se manifeste par un malaise psychologique dû à la dissonance entre les aspirations individuelles et les contraintes sociales. En combinant les théories de Pierre Bourdieu et de Vincent de Gaulejac avec les concepts transgénérationnel, il est possible de mieux appréhender les héritages de capitaux, de traumas et de conflits, révélant comment les dynamiques familiales et les structures sociales influencent les expériences individuelles. Ces tensions internes ne sont pas seulement le fruit de la position sociale actuelle mais sont aussi héritées des générations précédentes. Elles ont des implications majeures sur la progression de carrière, la confiance en soi et les interactions sociales. En abordant ces tensions, il est possible de mieux soutenir ceux qui traversent ces transitions, favorisant ainsi un épanouissement personnel et professionnel plus harmonieux.

Une version résumée de cet article est également disponible.

La névrose de classe

La névrose de classe désigne un malaise psychologique résultant des contradictions entre les aspirations et l'habitus d'un individu (ensemble d’habitudes, comportements, perceptions et goûts acquis durant la socialisation) et sa position sociale. Ce concept est essentiel pour comprendre les tensions et conflits internes vécus lors des changements de statut social, soulignant l'importance de considérer les dimensions psychologiques et sociales dans l'analyse des trajectoires individuelles et des dynamiques familiales.

Tableau clinique de la névrose de classe

Pour la psychanalyse, la névrose renvoie à des processus de structuration psychique. La névrose de classe correspond spécifiquement à un tableau clinique décrivant la symptomatologie des individus changeant de position dans la structure de classe. Ce concept montre comment, en cas d’ascension ou de déclassement social, une personne peut souffrir de névrose.

Le conflit entre identité héritée et identité acquise

L’individu est souvent tiraillé entre son désir de réussite sociale, généralement soutenu par le « projet parental », et son souci de rester fidèle aux origines familiales et à une certaine classe sociale. Ainsi, lors d'un changement de classe, un conflit peut émerger entre une « identité héritée » provenant du milieu d’origine et une « identité acquise » au cours des diverses expériences de vie. Si ce conflit est mal négocié, il conduit à la névrose de classe.

Manifestations psychologiques de la névrose de classe

Plusieurs manifestations psychologiques peuvent nous faire poser l’hypothèse d’une névrose de classe:

  • sentiment d'illégitimité: se sentir inadapté, illégitime ou ne pas mériter sa position sociale;
  • perte de confiance: doute dans ses décisions et son leadership, entraînant une hésitation constante;
  • comportements autodestructeurs: sabotage inconscient de sa réussite, procrastination, comportements contre-productifs, négligence des opportunités importantes ou choix risqués;
  • réactions émotionnelles disproportionnées: crises de colère, dépression, stress intense face aux défis professionnels.
  • sentiment d’infériorité sociale qui peut se traduire par un acharnement au travail et une volonté d’affirmer sa supériorité et qui peut parfois conduire à la création d’un « roman familial », un mécanisme de défense contre l’infériorité sociale;
  • difficultés d'adaptation sociale: incapacité à naviguer entre les codes sociaux, comprendre et s’adapter aux attentes des milieux professionnels de haut niveau;
  • isolement et repli sur soi: difficulté à établir des réseaux professionnels solides et à se faire accepter dans des cercles influents. Le repli sur soi accompagné de rêveries permet d’inverser fantasmatiquement la position sociale d’origine et de supporter la réalité. Le mécanisme de clivage génère un sentiment de division intérieure et d’appartenance à deux mondes opposés, accentuant le sentiment d’étrangeté et de dédoublement.
  • conflits internes: tensions psychologiques et angoisses dues aux différences entre les dispositions inculquées par l'éducation et les exigences de la nouvelle position. Conflit d’identification entre le Surmoi et l’Idéal du Moi. Le Surmoi prône le maintien de l’ordre et le respect des traditions, générant un sentiment de culpabilité. L’Idéal du Moi pousse le Moi à rechercher des modèles plus élevés, suscitant un sentiment d’infériorité et de honte.
  • héritages transgénérationnels: influences des expériences et des traumas transmis à travers les générations sur les perceptions et les comportements des individus.

Cette liste de symptômes n'est pas exhaustive et chaque individu peut éprouver ces difficultés de manière différente.

La névrose d’échec

La névrose d'échec se réfère à un comportement où une personne sabote inconsciemment ses propres efforts et réalisations, souvent par peur du succès ou en raison de conflits internes non résolus.

Tableau clinique de la névrose d’échec

Les caractéristiques principales de la névrose d'échec incluent :

  • auto-sabotage: la personne crée des obstacles ou échoue volontairement dans ses projets, malgré ses capacités et opportunités;
  • peur du succès: l'individu peut craindre les responsabilités, les attentes accrues ou les changements sociaux associés au succès.
  • conflits internes: des désirs conflictuels ou des sentiments de culpabilité peuvent sous-tendre ce comportement. Par exemple, une personne peut désirer réussir mais se sentir indigne ou coupable de surpasser ses proches.
  • baisse de l'estime de soi: l'auto-sabotage récurrent peut diminuer l'estime de soi, créant un cycle vicieux de tentatives échouées et de sentiments d'inadéquation.

La névrose d'échec peut se manifester dans divers domaines de la vie tels que le travail, les études ou les relations personnelles.

Lien de cause à effet entre une névrose de classe et une névrose d'échec

La névrose d'échec peut être considérée, dans une certaine mesure, comme une conséquence de la névrose de classe. Les mécanismes psychologiques qui sous-tendent la névrose de classe, tels que l'intériorisation des limitations sociales et le sentiment d'illégitimité, conduisent directement à des comportements autodestructeurs et à une perception de soi négative caractéristique de la névrose d'échec. La peur de ne pas réussir à s'intégrer dans une classe sociale supérieure ou de ne pas répondre aux attentes peut amener un individu à développer une névrose d'échec. En reconnaissant ce lien de cause à effet, il est possible de mieux comprendre et d'aborder les obstacles psychologiques et sociaux qui entravent la réussite de certains individus.

Pierre Bourdieu et la névrose de classe

Pierre Bourdieu, considéré comme l'un des sociologues les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle, est surtout connu pour son ouvrage "La Distinction" publié en 1979 qui élabore dans une perspective sociologique une théorie des goûts et des styles de vie. Il a profondément marqué les sciences humaines avec ses concepts de champs sociaux, d’ habitus et violence symbolique, analysant comment les hiérarchies sociales se reproduisent à travers des mécanismes culturels et symboliques, plutôt qu'économiques. Son approche, examine comment les structures sociales influencent les comportements et les aspirations des individus.

Habitus

L'habitus est un ensemble d’habitudes, de comportements, de perceptions et de goûts acquis par un individu au cours de sa socialisation, principalement durant son enfance et adolescence. Il guide de manière souvent inconsciente les façons de penser, de sentir, d’agir et de se comporter, étant fortement influencé par la classe sociale et l'environnement familial. L'habitus, peut se manifester dans divers aspects de la vie quotidienne.

Voici quelques exemples concrets :

  • habitus scolaire et attitudes envers l'éducation: les enfants issus de familles où les parents ont un haut niveau d'éducation et valorisent les études auront tendance à adopter des comportements positifs envers l'école, à prendre l'initiative dans leurs études, et à avoir des aspirations scolaires élevées;
  • style de langage: les enfants de familles de classes moyennes ou supérieures peuvent utiliser un registre de langue plus soutenu et avoir un vocabulaire plus riche que ceux des classes populaires, reflétant le capital culturel de leur environnement familial;
  • posture et gestuelle: les habitudes corporelles, telles que la manière de se tenir ou de bouger, peuvent différer selon les milieux sociaux. Par exemple, les individus de classes supérieures peuvent adopter une posture plus droite et une gestuelle plus mesurée, reflétant une éducation stricte sur la présentation de soi.
  • activités sportives: les préférences pour certains sports peuvent aussi refléter l'habitus. Le golf ou le tennis peuvent être plus populaires parmi les classes supérieures tandis que le football peut être plus pratiqué dans les classes populaires.
  • choix alimentaires: les habitudes alimentaires varient selon la classe sociale. Par exemple, les classes moyennes et supérieures peuvent privilégier une alimentation équilibrée, bio, et diversifiée, tandis que les classes populaires peuvent se tourner davantage vers des produits moins coûteux et des repas plus simples.
  • pratiques culinaires: la manière de préparer et de consommer les repas peut également refléter l'habitus. Par exemple, le fait de manger à table en famille avec des couverts spécifiques et une certaine étiquette peut être plus répandu dans les milieux bourgeois.
  • pratiques de loisirs: les choix de loisirs et de divertissements sont souvent marqués par l'habitus. Aller au théâtre, visiter des musées ou assister à des concerts classiques peuvent être des activités typiques des classes moyennes et supérieures tandis que le cinéma ou les événements sportifs peuvent être plus courants parmi les classes populaires;
  • goûts artistiques: les préférences en matière d'art, de musique, de littérature sont également influencées par l'habitus. Par exemple, une personne issue d'un milieu cultivé peut avoir une prédilection pour la musique classique ou la littérature classique, tandis qu'une personne d'un milieu plus populaire peut préférer des genres musicaux comme le rap ou les romans policiers.
  • style vestimentaire: les choix en matière de vêtements peuvent refléter l'habitus. Les individus des classes supérieures peuvent porter des vêtements de marque ou des tenues formelles tandis que ceux des classes populaires peuvent opter pour des vêtements plus décontractés ou fonctionnels.
  • code vestimentaire au travail: L'habitus peut également se manifester dans la manière de s'habiller pour le travail. Par exemple, les professions libérales peuvent exiger des costumes et des tenues soignées, alors que les métiers manuels permettent des vêtements plus pratiques et résistants.

Champs sociaux

Les champs sociaux sont des espaces de relations sociales, chacun ayant ses propres règles et normes. Les individus luttent pour des positions dominantes dans ces champs, et la transition d'un champ social à un autre peut provoquer des difficultés d'adaptation en raison des différences d'habitus et de capital. Voici quelques exemples qui montrent comment chaque champ social est structuré et comment les individus doivent naviguer et s'adapter à ces spécificités pour y réussir.

Champ académique

  • Règles et normes: L'importance des publications dans des revues de haut niveau, la reconnaissance par les pairs, et les diplômes prestigieux.
  • Lutte pour la domination: Les chercheurs et universitaires cherchent à publier dans des revues prestigieuses, obtenir des postes de professeurs dans des universités réputées, et attirer des financements pour leurs recherches.
  • Difficulté de transition: Un chercheur qui passe du secteur privé à l'université peut éprouver des difficultés à s'adapter aux normes de publication académique et à la culture de la recherche universitaire.

Champ artistique

  • Règles et normes: La reconnaissance par les critiques, les expositions dans des galeries réputées, et la vente d'œuvres à des prix élevés.
  • Lutte pour la domination: Les artistes cherchent à obtenir des expositions dans des galeries renommées, être critiqués favorablement par les experts, et atteindre une certaine notoriété.
  • Difficulté de transition: Un artiste commercial qui entre dans le monde de l'art contemporain peut avoir du mal à être pris au sérieux par les critiques et les galeristes en raison de différences de style et de perception de la valeur artistique.

Champ économique

  • Règles et normes: La maximisation des profits, l'innovation, et la compétitivité sur le marché.
  • Lutte pour la domination: Les entreprises cherchent à augmenter leurs parts de marché, innover pour devancer la concurrence, et attirer des investisseurs.
  • Difficulté de transition: Un individu qui passe du secteur public au secteur privé peut rencontrer des défis liés à la pression pour la rentabilité, la culture de la performance, et la compétitivité accrue.

Champ politique

  • Règles et normes: La mobilisation des électeurs, la formulation de politiques publiques, et la construction d'alliances.
  • Lutte pour la domination: Les politiciens cherchent à gagner des élections, influencer les décisions politiques, et occuper des postes de pouvoir.
  • Difficulté de transition: Un individu issu du monde des affaires qui entre en politique peut éprouver des difficultés à comprendre et naviguer les dynamiques de pouvoir, les jeux d'alliance, et les attentes des électeurs.

Champ sportif

  • Règles et normes: La performance, la compétition, et le respect des règles du jeu.
  • Lutte pour la domination: Les athlètes cherchent à remporter des compétitions, battre des records, et obtenir des sponsors.
  • Difficulté de transition: Un sportif amateur qui passe au niveau professionnel peut trouver difficile de s'adapter à la pression constante de la performance, aux exigences d'entraînement intense, et à la médiatisation.

Champ médiatique

  • Règles et normes: L'audience, l'influence, et l'innovation dans les formats et les contenus.
  • Lutte pour la domination: Les journalistes et les médias cherchent à attirer et retenir l'attention du public, à influencer l'opinion publique, et à obtenir des exclusivités.
  • Difficulté de transition : Un journaliste de presse écrite qui passe à la télévision peut avoir du mal à s'adapter aux exigences de la présentation à l'écran, à la dynamique de l'audience en direct et à la pression pour des contenus plus sensationnalistes.

Capital social, culturel et économique

Pierre Bourdieu distingue trois formes principales de capital : économique (ressources financières), culturel (connaissances, compétences) et social (réseaux de relations). Ces capitaux influencent les comportements, les goûts et les aspirations des individus et déterminent leur position dans l'espace social.

Voici des exemples concrets pour chacune de ces formes de capital:

Capital économique

  • Ressources financières: Une famille possédant des biens immobiliers, des actions en bourse et des revenus élevés permet à ses membres de bénéficier d'une sécurité financière, d'accéder à des services de haute qualité (éducation privée, soins de santé, etc.) et de mener un mode de vie confortable. Cette sécurité permet de se concentrer sur des activités culturelles ou sociales sans la contrainte de devoir subvenir immédiatement à des besoins financiers.
  • Possessions matérielles: Une personne possédant une maison de vacances, une voiture de luxe ou des objets d'art. Ces possessions offrent un statut social élevé et peuvent ouvrir des portes vers des réseaux sociaux prestigieux.

Capital culturel

  • Connaissances et compétences: Une personne ayant des diplômes universitaires prestigieux, une maîtrise de plusieurs langues ou des compétences spécialisées dans un domaine artistique ou scientifique. Ces connaissances permettent d'accéder à des positions professionnelles élevées, d'apprécier des formes d'art sophistiquées et de participer à des conversations intellectuelles.
  • Habitus culturel: Un individu qui a grandi dans une famille où on lit régulièrement des livres, visite des musées et assiste à des concerts de musique classique.Ces pratiques culturelles deviennent des habitudes naturelles qui distinguent les individus dans des contextes sociaux et professionnels.
  • Objets culturels: Posséder une bibliothèque bien fournie avec des œuvres littéraires classiques, des œuvres d'art célèbres ou une collection de musique rare. Ces objets contribuent à la distinction sociale et permettent de montrer son appartenance à une classe cultivée.

Capital social

  • Réseaux de relations: Avoir des contacts personnels avec des décideurs politiques, des chefs d'entreprise, ou des influenceurs culturels. Ces relations peuvent offrir des opportunités professionnelles, faciliter l'accès à des ressources ou ouvrir des portes dans des cercles sociaux exclusifs.
  • Participation à des groupes: Être membre d'un club de golf, d'une association professionnelle ou d'un réseau d'anciens élèves d'une grande école. Ces affiliations renforcent le capital social en offrant des occasions de rencontrer des personnes influentes et d'accéder à des ressources collectives.
  • Confiance et réputation: Être reconnu pour son intégrité et sa fiabilité dans un domaine professionnel ou communautaire. Une bonne réputation peut attirer des opportunités, renforcer les liens existants et en créer de nouveaux.

Interactions entre les capitaux

Les différentes formes de capital sont souvent interconnectées et peuvent se renforcer mutuellement. Par exemple, un individu avec un fort capital économique peut investir dans une éducation de qualité pour ses enfants (capital culturel), qui à leur tour peuvent établir des réseaux de relations influentes (capital social). De même, une personne avec un capital culturel élevé peut accéder à des emplois bien rémunérés (capital économique) et élargir son réseau social grâce à des contacts professionnels.

Habitus et structure sociale

Bourdieu examine comment les structures sociales, par le biais de l'habitus, influencent les comportements et les aspirations des individus. Les névroses de classes résultent des contradictions entre l'habitus d'une personne et les nouvelles conditions sociales auxquelles elle doit s'adapter. L'habitus est une matrice de dispositions incorporées qui structure les pratiques et les perceptions des individus, façonnées par leur position dans le champ social.

  • Parcours scolaire: Une personne issue d'un milieu ouvrier qui obtient une bourse pour une grande école prestigieuse peut éprouver un sentiment de malaise et de non-légitimité en raison du décalage entre son habitus d'origine et le nouvel environnement social.
  • Loisirs et goûts culturels: Une personne de milieu populaire promue cadre dans une grande entreprise peut se sentir gênée lors d'activités sociales valorisées dans son nouveau milieu, telles que des dîners étoilés ou des sorties au théâtre.
  • Interactions sociales: Une personne ayant grandi dans un milieu rural et déménageant en ville peut éprouver du stress et un sentiment de décalage face aux normes de sociabilité plus formelles et aux codes sociaux différents.

Dissonance cognitive et symbolique

La tension entre les aspirations et les limitations imposées par la position sociale génère une dissonance cognitive et symbolique, créant un malaise psychologique. Les mécanismes de distinction et d'exclusion sociale renforcent ces tensions.

  • Étudiant issu d'un milieu modeste dans une université prestigieuse: Un étudiant venant d'un milieu ouvrier peut ressentir une dissonance cognitive et symbolique lorsqu'il se rend compte que ses références culturelles et ses centres d'intérêt ne sont pas partagés par ses camarades.
  • Promotion professionnelle rapide: Une personne de la classe moyenne atteignant un poste de direction peut se sentir mal à l'aise lors de dîners d'affaires ou de réunions de direction où les codes sociaux diffèrent de ceux auxquels elle est habituée.
  • Changement de quartier: Une famille de classe populaire emménageant dans un quartier plus aisé peut ressentir une dissonance symbolique lorsque leurs habitudes de vie et leurs goûts ne sont pas en accord avec ceux de leurs nouveaux voisins.
  • Entrepreneur immigré: Un immigrant lançant une entreprise prospère peut ressentir une dissonance cognitive entre ses valeurs d'origine et celles requises par le milieu des affaires local.
  • Artiste en ascension: Un artiste issu d'un milieu défavorisé commençant à fréquenter les cercles artistiques élitistes peut éprouver une dissonance symbolique entre ses références culturelles initiales et les nouvelles attentes sociales.

Mobilité sociale et névroses de classe

La mobilité sociale, qu'elle soit ascendante ou descendante, est souvent source de névroses de classes. L'ascension sociale peut conduire à un sentiment d'aliénation par rapport à son groupe d'origine, tandis que la descente sociale peut provoquer une perte de statut et une crise identitaire.

  • Transition de la classe ouvrière à la classe dirigeante: Un individu issu d'une famille ouvrière devenant cadre peut éprouver des difficultés à s'adapter aux normes de la classe dirigeante, par exemple lors de réunions de direction ou de cocktails professionnels.
  • Transition du milieu rural au milieu urbain: Une personne ayant grandi dans un milieu rural déménageant en ville pour poursuivre des études universitaires peut faire face à des défis d'adaptation en raison des différences de comportements sociaux et d'activités de loisirs.
  • Transition d'une famille modeste à une famille aisée par le mariage: Une personne issue d'un milieu modeste épousant quelqu'un de très aisé peut éprouver des difficultés à s'adapter aux habitudes de vie et aux attentes sociales de sa belle-famille.

Conclusion

Les concepts de capital économique, culturel et social de Bourdieu permettent de comprendre comment les individus se positionnent dans l'espace social et comment leurs comportements, goûts et aspirations sont influencés par ces différents types de capital. Les névroses de classe mettent en lumière les effets psychologiques de la stratification sociale et des dynamiques de pouvoir, soulignant comment les structures sociales influencent les états mentaux et les expériences subjectives des individus. En comprenant ces névroses, Bourdieu offre une perspective riche et nuancée sur la manière dont les inégalités sociales se manifestent et se perpétuent à travers les expériences quotidiennes des individus.

Vincent de Gaulejac et la névrose de classe

Vincent de Gaulejac est l'un des représentants français du courant de la sociologie clinique, une approche qui tente d'articuler les dimensions sociales et psychiques en se penchant sur la singularité des parcours et des expériences, utilisant pour cela l'approche des histoires de vie. Il tente, à partir de récits biographiques existants, comme dans le cas des écrits d'Annie Ernaux, et de récits de vie suscités par des travaux de recherche, d'élaborer un certain nombre de concepts pour comprendre les problématiques du sujet social contemporain. La névrose de classe, la lutte des places, l'identité négative, le roman familial et la trajectoire sociale constituent quelques-uns de ses apports.

L’histoire individuelle et la détermination sociale

Vincent de Gaulejac explique que l’histoire individuelle est aussi socialement déterminée. En étudiant la généalogie familiale, le projet parental, le roman familial, les choix et les ruptures de l’existence, il démontre comment tout changement de classe sociale, par exemple par le biais d’un métier ou d’un mariage, peut profondément perturber une personne. Paradoxalement, cette perturbation peut l’empêcher d’être heureux, malgré une apparente réussite sociale.

Dimension psychodynamique 

Vincent de Gaulejac a exploré la notion de névrose de classe, mais avec une approche quelque peu différente de celle de Pierre Bourdieu. Alors que Bourdieu se concentre principalement sur les mécanismes sociaux et culturels qui engendrent ces névroses, de Gaulejac intègre davantage une dimension psychodynamique et clinique dans son analyse. L'expression « névrose de classe », pour Vincent de Gaulejac, décrit cette complexité. En psychanalyse, la névrose renvoie à des processus de structuration psychique, mais la névrose de classe correspond spécifiquement à la symptomatologie des individus changeant de position dans la structure de classe. Ce concept montre comment, en cas d’ascension ou de déclassement social, une personne peut souffrir de névrose. De Gaulejac intègre une analyse psychodynamique des névroses de classe, en se concentrant sur les conflits internes et les processus inconscients qui sous-tendent les expériences de malaise et de souffrance psychologique des individus. Il s'intéresse particulièrement à la manière dont les histoires de vie et les trajectoires individuelles sont marquées par les contradictions de classe.

Roman familial et trajectoires individuelles 

Un aspect central de l'analyse de Vincent de Gaulejac est le "roman familial", c'est-à-dire l'histoire subjective que chaque individu construit à partir de son vécu familial et de ses expériences sociales. Ce concept souligne comment les dynamiques familiales et les héritages sociaux façonnent les identités et les conflits internes des individus. Par exemple une personne issue d'une famille ouvrière qui parvient à intégrer une profession de cadre peut ressentir une dissonance entre les valeurs et les attentes de sa famille d'origine et celles de son nouveau milieu professionnel. Ce conflit interne peut engendrer des sentiments de culpabilité ou de trahison, affectant sa santé mentale et son bien-être.

Inconscient social 

Vincent de Gaulejac propose l'idée d'un "inconscient social", où les tensions et contradictions de classe sont intériorisées de manière inconsciente. Cet inconscient social influe sur les comportements, les émotions et les aspirations des individus, souvent de manière subliminale. Par exemple un individu ayant grandi dans un environnement où la réussite matérielle est valorisée, mais qui choisit une carrière dans un domaine artistique moins rémunérateur, peut inconsciemment intérioriser une forme de dévalorisation sociale qui se manifeste par une anxiété chronique ou une baisse d'estime de soi.

Traumatisme et résilience 

Vincent de Gaulejac explore aussi la notion de traumatisme social, où les expériences de déclassement ou de mobilité sociale peuvent avoir des effets traumatiques. Il met également en lumière les mécanismes de résilience et d'adaptation que les individus développent pour faire face à ces tensions. Par exemple une personne qui subit un déclassement social en perdant un emploi bien rémunéré peut éprouver un traumatisme comparable à un choc psychologique. Cependant, de Gaulejac souligne que certains individus développent des mécanismes de résilience, comme la reconversion professionnelle ou l'engagement dans des activités bénévoles, pour surmonter ce traumatisme et retrouver un équilibre psychologique.

Pierre Bourdieu et Vincent de Gaulejac deux approches complémentaires des névroses de classe

Les approches de Pierre Bourdieu et de Vincent de Gaulejac offrent des éclairages complémentaires sur la notion de névrose de classe, combinant des perspectives sociologiques et psychodynamiques pour une compréhension plus nuancée des effets psychologiques des inégalités sociales.

Approche théorique

  • Pierre Bourdieu: Sa démarche est sociologique et structuraliste, centrée sur les mécanismes de reproduction sociale et les tensions entre habitus et conditions objectives. Il montre comment les structures sociales façonnent les comportements et aspirations des individus, créant des distinctions et des exclusions.
  • Vincent de Gaulejac: Adopte une approche interdisciplinaire, intégrant psychologie clinique et psychodynamique. Il explore les conflits internes et processus inconscients, en mettant l'accent sur les histoires de vie individuelles et les dynamiques familiales.

Concepts Clés

  • Pierre Bourdieu: Habitus, capital social et dissonance cognitive. Ces concepts éclairent l'influence des structures sociales sur les comportements et aspirations des individus.
  • Vincent de Gaulejac: Roman familial, inconscient social, traumatisme social et résilience. Ces notions mettent en lumière les aspects psychologiques et émotionnels des trajectoires sociales.

Focalisation

  • Pierre Bourdieu: Se concentre sur les structures sociales et leurs impacts sur les comportements et aspirations des individus. Il illustre comment les inégalités et distinctions sociales se perpétuent et se renforcent.
  • Vincent de Gaulejac: Se penche sur les trajectoires individuelles, histoires de vie et processus inconscients. Il examine comment les tensions et contradictions de classe sont intériorisées, influençant comportements et émotions.

Conclusion

Les perspectives de Bourdieu et de De Gaulejac se complètent pour offrir une compréhension plus complète des effets psychologiques des inégalités sociales. Bourdieu fournit une analyse structurelle des mécanismes de distinction et d'exclusion, tandis que De Gaulejac apporte une dimension psychodynamique en soulignant les conflits internes et les processus inconscients. La combinaison de ces analyses permet une vision holistique des impacts des inégalités de classe sur la psyché humaine.

Névrose de classe et névrose d’échec à l’aune de la transmission transgénérationnelle

Les travaux de Pierre Bourdieu et Vincent de Gaulejac offrent des perspectives complémentaires sur la névrose de classe et les freins (névrose d’échec) qui peuvent impacter les trajectoires des individus. L'introduction de la dimension transgénérationnelle apporte un nouvel éclairage sur les éléments inconscients qui peuvent entraver un parcours professionnel, économique et social. La relation entre une cause ancestrale et un blocage actuel, manifesté sous forme de névrose de classe ou de névrose d’échec chez un descendant, peut sembler étonnante et même difficile à concevoir.

Transmission transgénérationnelle

La transmission transgénérationnelle fait référence à la transmission des expériences, des traumas, des valeurs et des comportements à travers les générations. Cela inclut les non-dits, les secrets de famille et les répétitions de schémas comportementaux. Les habitudes et les comportements peuvent être transmis de génération en génération, influençant la perception et les actions des individus en fonction des expériences de leurs ancêtres. Les tensions et conflits internes ressentis par les individus peuvent être enracinés dans ces transmissions, où les aspirations et les limites intériorisées par les générations précédentes continuent d'influencer les générations actuelles.

Impact des traumatismes ancestraux

L'analyse des effets transgénérationnels des traumatismes révèle souvent un décalage surprenant entre l'événement initial et ses répercussions chez les descendants. Pour la plupart des gens, il est difficile de concevoir qu'une cause ancestrale transmise inconsciemment de génération en génération puisse avoir un effet actuel sur un parcours professionnel, économique et social. Des événements apparemment sans lien direct avec leurs conséquences professionnelles et socio-économiques actuelles peuvent néanmoins engendrer chez les descendants une névrose de classe ou une névrose d’échec héritée.

Temporalité et continuité historique

Les traumatismes se produisent dans des contextes historiques et socio-politiques spécifiques, qui peuvent sembler éloignés des conditions actuelles. Par exemple, une famine ou une répression politique dans le passé peuvent paraître déconnectées des choix de carrière ou des attitudes financières des descendants d'aujourd'hui. Bien que ces événements soient éloignés dans le temps, leurs impacts émotionnels et psychologiques peuvent se transmettre de manière non verbale à travers les générations. Des émotions telles que la peur ou la méfiance envers les autorités peuvent persister et influencer les attitudes familiales vis-à-vis de la sécurité économique et sociale.

Mécanismes de transmission

Les traumatismes ancestraux se transmettent souvent inconsciemment à travers des comportements, des attitudes et des croyances inculquées dès l'enfance. Au fil des générations, le traumatisme initial peut se transformer et se manifester sous des formes différentes. Par exemple, un traumatisme de guerre peut provoquer un stress post-traumatique chez la première génération et se manifester comme une névrose de classe ou d'échec chez les descendants, en raison des comportements appris et des schémas de pensée hérités. La pauvreté intergénérationnelle, la discrimination systémique et l'instabilité sociale peuvent aggraver les impacts des traumatismes transmis. Les individus peuvent éprouver une dissonance cognitive et émotionnelle en raison de la disjonction entre leurs aspirations et les contraintes héritées de leurs ancêtres, entraînant des sentiments d'illégitimité, d'auto-sabotage et de peur de l'échec.

La théorie de Serge Tisseron sur la transmission transgénérationnelle des traumatismes

Pour mieux comprendre cet éloignement apparent entre le trauma initial et la forme de son expression après plusieurs générations, Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, a élaboré une théorie sur la transmission transgénérationnelle des traumatismes. Selon Tisseron, le statut d’un traumatisme initial peut évoluer à travers les générations et influencer les comportements contemporains.

L'indicible

Lorsqu'un traumatisme se produit, la première génération peut être incapable de le verbaliser en raison de la honte, de la culpabilité ou de la peur. Cet événement reste "indicible", enfoui dans le silence, mais continue d'affecter l'individu de manière sous-jacente. La conscience de ce traumatisme varie : certains peuvent en ressentir les effets sans pouvoir les nommer, tandis que d'autres refoulent complètement ces souvenirs, les manifestant à travers des symptômes somatiques ou des comportements inexplicables.

L’innommable 

Avec le temps, l'indicible peut devenir innommable, n'étant jamais symbolisé ni transmis verbalement. Les descendants ressentent alors les effets du traumatisme sans en connaître la nature ou l'origine. Les récits familiaux deviennent flous, les événements ne sont plus clairement identifiés, et le traumatisme s'exprime indirectement à travers des comportements ou des symptômes physiques sans que sa véritable nature soit révélée.

L’impensable

Finalement, le traumatisme peut devenir impensable, échappant totalement à la conscience des générations ultérieures. À ce stade, l'origine du traumatisme est oubliée, mais ses effets persistent sous forme de comportements inexplicables, de phobies et de mal-être. Le traumatisme, désormais enfoui dans l'inconscient collectif familial, influence insidieusement les relations et dynamiques familiales. Pour briser cette chaîne de transmission, il est essentiel de ramener ces événements à la conscience, de les nommer et de les intégrer à l'histoire familiale. La thérapie et la mise en récit jouent un rôle crucial dans ce processus.

Lorsque l’impensable se manifeste par une névrose de classe

Une névrose de classe peut être considérée comme une manifestation de l'impensable, particulièrement en lien avec des traumatismes socio-économiques transmis de génération en génération. La pauvreté, l'exploitation, les migrations forcées et les discriminations peuvent marquer profondément une famille, devenant indicibles puis impensables à mesure qu'elles sont transmises sans être verbalisées ou comprises. Les descendants héritent souvent de ces expériences traumatiques sous forme de comportements, d'attitudes et de croyances implicites concernant leur valeur, leurs capacités et leur place dans la société.

Au-delà des traumatismes socio-économiques

D'autres types de traumatismes peuvent se transmettre de génération en génération et éventuellement prendre la forme d'une névrose de classe, notamment :

  • conflits et guerres: expériences de guerre, de fuite, de réfugiés ou de persécutions;
  • violences politiques: répression politique, torture ou emprisonnement pour des raisons politiques;
  • racisme et discrimination ethnique: racisme, discrimination ethnique et ségrégation;
  • sexisme et discrimination de genre: violences et discriminations basées sur le genre;
  • violence domestique et abus: abus physiques, émotionnels et sexuels au sein de la famille;
  • négligence et abandon: expériences de négligence ou d'abandon durant l'enfance;
  • maladies chroniques et invalidantes: maladies graves ou chroniques affectant un membre de la famille;
  • mortalité précoce: perte d'un parent ou d'un proche à un jeune âge;

La névrose de classe comme expression de multiples traumatismes

La névrose de classe peut être vue comme une expression complexe de divers traumatismes transgénérationnels. Ces traumatismes, de différentes natures, s'entrelacent et se renforcent mutuellement. Une famille ayant subi des persécutions politiques et des difficultés économiques peut voir ces expériences combinées influencer les comportements et attitudes des descendants. Ces traumatismes s'intègrent dans un récit plus large de classe, où les expériences de discrimination, d'exclusion ou de violence se mêlent à celles de pauvreté et de mobilité sociale, engendrant une névrose de classe englobant ces multiples sources de traumatisme.

Conclusion et pistes de solutions thérapeutiques

Cet article a exploré les concepts de névrose de classe et de névrose d'échec, en s'appuyant sur les travaux de Pierre Bourdieu et Vincent de Gaulejac. Il a mis en lumière comment ces névroses, souvent enracinées dans des expériences socio-économiques et historiques profondes, peuvent se transmettre de génération en génération, impactant les trajectoires professionnelles, économiques et sociales des individus. La dimension transgénérationnelle révèle que les traumatismes vécus par les générations précédentes continuent d'influencer les comportements et les attitudes des descendants, souvent de manière inconsciente.

Pour briser le cycle des transmissions transgénérationnelles de traumatismes et de névroses, plusieurs approches thérapeutiques peuvent être envisagées :

  • connaissance des théories et concepts du transgénérationnel: il est essentiel pour les thérapeutes et les individus de connaitre et comprendre les théories de la transmission transgénérationnelle. Les travaux de Serge Tisseron sur l'indicible, l'innommable et l'impensable offrent une grille de lecture précieuse pour comprendre comment les traumatismes se transmettent et se manifestent à travers les générations.
  • utilisation du génosociogramme: le génosociogramme est un outil puissant pour visualiser et analyser les liens familiaux, les événements marquants et les schémas de comportement transmis de génération en génération. Il permet de repérer les répétitions, les non-dits et les secrets de famille, facilitant ainsi la prise de conscience et le travail thérapeutique sur les transmissions transgénérationnelles.
  • travail sur le récit de vie transgénérationnel: la narration des histoires familiales et personnelles est une méthode thérapeutique efficace pour intégrer et guérir les traumatismes transgénérationnels. Ce processus de mise en récit aide à donner du sens aux expériences passées et à libérer les descendants des poids inconscients qu'ils portent. Des applications comme Commemoria permettent de créer des récits de vie transgénérationnels, aidant les individus à documenter, comprendre et partager leurs histoires familiales.

En intégrant ces approches dans le travail thérapeutique, il devient possible de dénouer les liens invisibles qui entravent la réussite et le bien-être des individus. Une meilleure compréhension des influences transgénérationnelles et l'utilisation d'outils comme le génosociogramme et les récits de vie transgénérationnels permettent de transformer les freins inconscients en opportunités de croissance et de résilience.

Bibliographie

Pour aborder la dimension transgénérationnelle de la névrose de classe, voici une sélection de titres par Pierre Bourdieu et Vincent de Gaulejac, qui se concentrent sur les dynamiques familiales, la transmission des inégalités sociales et les héritages psychologiques et sociaux. Ces ouvrages fournissent une base solide pour comprendre la dimension transgénérationnelle de la névrose de classe, en mettant en lumière les mécanismes de transmission des inégalités et des traits psychologiques à travers les générations.

Pierre Bourdieu

  1. La distinction: critique sociale du jugement (1979): Bien que principalement sur les pratiques culturelles et les goûts, ce livre traite aussi de la manière dont ces pratiques sont héritées et reproduites à travers les générations.
  2. Les héritiers: les étudiants et la culture (1964, avec Jean-Claude Passeron): Étude sur la manière dont les familles transmettent des capitaux culturels et éducatifs, perpétuant les inégalités sociales à travers les générations
  3. La reproduction: Éléments pour une théorie du système d'enseignement (1970, avec Jean-Claude Passeron): Développement des concepts d'habitus et de capital culturel, essentiels pour saisir comment les structures sociales sont intériorisées et reproduites.
  4. Esquisse d'une théorie de la pratique (1972) Introduction des concepts d'habitus et de champ, expliquant comment les dispositions incorporées sont transmises et reproduites de génération en génération.

Vincent de Gaulejac

  1. L'histoire en héritage: roman familial et trajectoire sociale (1999): Exploration des dynamiques familiales et de leur influence sur les trajectoires sociales, crucial pour comprendre la transmission transgénérationnelle de la névrose de classe.
  2. Les sources de la honte (2011): Analyse des sources de honte et de leur transmission familiale, offrant une perspective sur les héritages psychologiques transgénérationnels.
  3. La névrose de classe (1979): Bien que centrée sur le concept de névrose de classe, cette œuvre traite aussi des dynamiques familiales et de la manière dont les traumatismes et les conflits internes sont transmis à travers les générations.

L'auteur

Pierre RAMAUT

Pierre RAMAUT

Psychanalyste & psychanalyste transgénérationnel

Psychanalyste, psychanalyste transgénérationnel et sophrologue. Créateur de plusieurs outils innovants dans le champ de la santé mentale et du développement personnel : Généasens, Commemoria et Waystobe. Créateur et accompagnateur de « Marcher pour progresser » et d’un cycle de découverte du chamanisme mondial en lien avec le transgénérationnel : « Découvertes en terres chamanes ».