Un généalogiste professionnel à la recherche de ses racines paternelles découvre la psychogénéalogie
Mes racines paternelles retrouvées
Mon premier contact avec la psychogénéalogie remonte à quelques années lorsqu’une amie m’offrit le best-seller d’Anne-Ancelin Schützenberger « Aïe, mes aïeux !» mais ma quête avait commencé bien plus tôt, puisque je m’étais moi-même spécialisé dans le domaine de l’histoire des familles, ce qui constitue aussi une véritable passion en soi.
La majorité des généalogistes amateurs vous diront que c’est un virus dévorant, mais comme M. Jourdain «faisait de la prose sans le savoir», ils participent souvent à leur guérison intérieure sans s’en rendre compte….
Le déclic vint en mai 2009, lorsque de passage à Mons dans la section hennuyère de l’association généalogique de Belgique francophone dont je fais partie, j’eus l’attention attirée par un texte d’une quinzaine de pages qui traitait de psychogénéalogie et qui était signé par Pierre Ramaut. Je pris contact avec lui peu de temps après et le rencontrai début décembre dans son cabinet montois. C’est un homme très plaisant qui vous met tout de suite à l’aise. Nous pûmes rapidement mettre sur pied un premier atelier de psychogénéalogie à trois. Cet atelier sera suivi de deux autres séances.
Mes troubles
Je ne cache pas que j’ai longtemps souffert de troubles divers qui ont affecté ma vie professionnelle, affective et même sociale. N’étant pas du tout d’un naturel névrosé au départ, j’ai compris que quelque chose me parasitait, extérieur à moi et que c’était à moi de chasser définitivement mes vieux démons, par ma démarche personnelle. Ce processus est à présent bien enclenché. Comment ?
Les raisons
Il faut tout d’abord savoir que je ne porte pas le nom de mon grand-père paternel mais celui de ma grand-mère. Ceci ne s’explique pas par le fait que mon père (Robert T.) soit né d’un père inconnu mais parce qu’il ne fût pas reconnu. Il est en fait un fils posthume qui est né quatre mois après la mort foudroyante de son père (Robert S.) le 21 décembre 1936. Sa mort est la conséquence d’un chaud et froid. Mes grands-parents ne se marièrent pas à la suite du « manque décisionnel » de mon grand-père mais aussi surtout à cause de l’opposition répétée de mes arrière-grands-parents (Benoni S. et Florine B.) pour des questions patrimoniales notemment. Mon père, privé de modèle paternel, en a évidemment souffert. Heureusement, son oncle — le frère de sa mère — Jean T., qui était célibataire et sans enfants, remplit son rôle à merveille et constitua un substitut du genre. Il prit aussi, plus tard, la place du grand-père pour mes frères, mes sœurs et moi: nous étions sa famille.
Les liens qui m’unissent à mon ascendance paternelle
On a constaté que mon arrière-grand-père paternel (AGPP), Benoni S., dont j’ai parlé plus haut, était décédé le 24 août 1942. Je suis né moi-même également le 24 août en 1963, soit 21 ans plus tard. Le plus hallucinant est que le père de Benoni S., Hyacinthe S. est décédé le 8 avril 1898 et que mon père est né également à cette même date anniversaire, le 8 avril 1937! Il y a donc un lien indéniable et on ne peut pas croire au hasard dans ces circonstances: un comble pour le généalogiste (professionnel) que je suis !
Examinons ce qui se passe une génération plus haut encore : le père d’Hyacinthe (Noël S.) est né le 24 décembre 1795. Notons que mon grand-père Robert S. a été inhumé le 21 décembre 1936. Noël S. est un vrai bâtard, né d’une fille qui n’avait pas 17 ans. Des tests ADN ont miraculeusement permis de me rattacher à un très lointain ancêtre que j’ai en commun avec un certain M. Marotte vers la fin du quinzième siècle. C’est une puissante famille de maîtres de forges qui est même blasonnée d’argent aux 3 chaudrons de sable. Etait-ce la raison pour laquelle Benoni S. (mon AGPP) s’était lancé dans l’exploitation d’une fonderie dans les années ‘20 ? J’ai aussitôt poursuivi des recherches sur les Marotte et leur blason en Wallonie, avec succès.
Un hangar
Enfin (et surtout), mes parents m’ont fait don — en avance d’hoirie — d’un grand hangar situé au beau milieu de la ville sambrienne de mes aïeux, dernier vestige immobilier dont mon grand-oncle, Marcel S. (le frère de mon grand-père Robert) fit réaliser pour abriter toutes les installations de la fonderie de son père quand la S.A. Solvay de Jemeppe sur Sambre avait fait exproprier cette fonderie en 1957 pour transformer la surface qu’elle occupait en parking. Marcel, mon grand-oncle, inaugura le bâtiment à sa manière, en gravant ses initiales « MS » dans le ciment sous la fenêtre principale le 1 septembre 1957. Dès lors, je n’ai eu de cesse de redonner vie à cet entrepôt, en y faisant mettre l’électricité, l’eau courante et même m’attaquer à la restauration des murs extérieurs qui jouxtent les jardins voisins. Je viens de relouer mon hangar … à la date du 1er septembre.
Mon ancrage paternel se matérialise donc dans ma propriété, je dirais même ma possession, qui revêt une dimension presque sacrée. J’y tiens comme à un précieux fétiche. Elle me relie à mes pères.
Epilogue
Florine B.( mon arrière-grand-mère paternelle ou AGMP) décédée un 13 août 1953 venait nous faire un petit clin d’œil, car nous étions précisément, lors du 3e atelier, le vendredi 13 août 2010 soit 57 ans après… 57 est aussi la date gravée dont j’ai parlé plus haut… La magie des dates ! Tout cela fait que je vois des signes qui me montrent que je suis sur la bonne voie, mais il faut un peu de temps pour métaboliser l’ensemble de ces données. La partie n’est pas encore tout-à-fait gagnée mais je suis sur le chemin qui me conduira à l’équilibre et la paix retrouvée.
Jean T., le 15-8-2010